Comment l’intelligence artificielle permet à l’armée américaine de surveiller la planète entière
Pendant des décennies, les puissances mondiales ont misé sur les écoutes téléphoniques, les interceptions d’ondes radios ou les espions humains pour anticiper les menaces. Aujourd’hui, l’œil scrutateur de l’intelligence artificielle redéfinit l’art de la surveillance militaire. Et au cœur de cette nouvelle ère se trouve la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA), bras stratégique du renseignement géospatial américain.
Derrière les images de satellites que l’on croyait réservées aux prévisions météorologiques ou aux cartes interactives de nos téléphones se cache un tout autre univers : celui de la détection automatisée, du ciblage algorithmique et de l’anticipation militaire en temps réel. Grâce à un partenariat avec des firmes comme Maxar Intelligence ou Satellogic, la NGA ambitionne de suivre, en permanence, tout véhicule terrestre, aérien ou maritime susceptible de signaler une activité suspecte. L’intégration de l’IA dans le programme Luno A permet désormais de repérer, d’identifier et de classifier ces objets automatiquement.
Chaque déplacement capté depuis l’espace est analysé : est-ce un char ? un camion civil ? un convoi militaire déguisé ? Le logiciel apprend, compare, s’adapte et tire des conclusions, souvent plus vite qu’un analyste humain. Et cela ne s’arrête pas là. En cas de mouvements inhabituels, l’IA peut générer une modélisation de scénario dans les heures suivant la capture d’image, simulant des hypothèses d’escalade ou de conflit. Autrement dit, nous ne sommes plus dans le simple constat : nous entrons dans une ère d’analyse prédictive.
Cette fusion entre surveillance satellitaire et intelligence artificielle redéfinit les frontières entre civil et militaire. Maxar, tout en opérant dans le secteur commercial, travaille étroitement avec le Pentagone, brouillant la distinction entre prestataire privé et outil stratégique d’État. Et lorsque l’administration américaine le décide, comme ce fut le cas en mars 2025 avec la coupure des images à l’Ukraine, elle peut transformer une entreprise commerciale en levier diplomatique ou en instrument de guerre.
Ce que nous révèle cette nouvelle architecture, c’est l’émergence d’un monde où la guerre se joue aussi dans les orbites, les algorithmes et les bases de données. Un monde où, désormais, les mouvements d’un bateau de pêche ou d’un convoi humanitaire peuvent être interprétés comme le prélude d’un affrontement. Et au centre de cette révolution technologique, l’intelligence artificielle ne dort jamais.
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