Zohran Mamdani, une élection et un déchaînement : que révèle la panique de l’extrême droite américaine ?

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L’élection de Zohran Mamdani à la mairie de New York représente un tournant symbolique autant que politique. À trente-quatre ans, premier maire musulman et sud-asiatique de la ville, figure ouverte de la gauche progressiste, il incarne une génération qui refuse de s’excuser d’exister dans un paysage politique traditionnellement verrouillé. Pourtant, sa victoire n’a pas seulement suscité euphorie et espoir chez ceux qui voient en lui une chance de transformer la vie des classes populaires ; elle a également déclenché une tempête raciste, islamophobe et conspirationniste au sein de l’extrême droite américaine.

Les réactions venues des sphères MAGA, des commentateurs trumpistes et de plusieurs élus républicains ont convergé autour d’une même rhétorique : l’Amérique aurait « basculé ». Certains ont présenté New York comme une ville « tombée » entre les mains d’un « ennemi intérieur ». Matt Walsh, influenceur d’extrême droite, a affirmé que l’élection prouvait que la « migration de masse » avait transformé la ville en « pays du tiers-monde ». D’autres, comme le président de la Chambre Mike Johnson, y ont vu la confirmation que le Parti démocrate serait désormais « radical et marxiste ». L’ancien stratège de Trump, Steve Bannon, est allé jusqu’à suggérer de « dénaturaliser » Mamdani et de le renvoyer en Ouganda, pays où il est né. La violence de ces propos ne relève pas d’une simple divergence politique : elle exprime la peur panique d’une Amérique qui change.

Mais ce changement n’est pas improvisé. New York est depuis longtemps une ville façonnée par les migrations, les métissages culturels et les identités multiples. La moitié des foyers y comptent au moins un immigrant. Mamdani lui-même a grandi dans une famille interreligieuse : père musulman, mère hindoue, enfance dans un environnement où pluralité et coexistence ne sont pas des théories abstraites, mais des réalités intimes. Son programme politique – gratuité de la garde d’enfants, lutte contre la vie chère, création d’épiceries publiques, taxation des ultrariches – ne découle pas d’une idéologie étrangère, mais d’un constat : la ville est devenue invivable pour ceux qui la font vivre.

C’est précisément ce lien entre diversité culturelle et justice sociale qui effraie ses opposants. Pour eux, tout progrès social porté par des minorités équivaut à une subversion. La figure du « maire musulman » devient alors un prétexte pour réactiver un imaginaire politique où l’Autre est à la fois intrus, menace et symbole d’un monde qui leur échappe. L’islamophobie n’est pas accidentelle : elle est l’outil.

Ce moment révèle aussi quelque chose de plus profond : un choc entre deux visions de l’avenir américain. D’un côté, ceux qui croient qu’une démocratie vivante exige l’inclusion réelle des voix longtemps marginalisées. De l’autre, ceux qui défendent une identité nationale figée, souvent blanche et chrétienne, pour qui l’égalité n’est jamais naturelle mais menaçante. La victoire de Mamdani ne signifie pas que la bataille est gagnée ; elle montre plutôt que la lutte pour définir l’âme des États-Unis est entrée dans une phase plus directe, plus assumée.

Mamdani, dans son discours, a résumé l’enjeu avec une simplicité désarmante : il ne s’excusera pas d’être jeune, musulman, socialiste, profondément engagé dans une vision de justice sociale. Il affirme qu’une autre politique est possible, non pas abstraitement, mais ici même, dans une ville qui a vu naître Donald Trump.

C’est peut-être cela, au fond, qui fait tant trembler.

Source : CNN, Reuters.

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