La Direction de l’Immigration et de l’Émigration introduit « iKat », la nouvelle carte numérique d’embarquement et de débarquement

La modernisation administrative, souvent évoquée mais rarement concrétisée en Haïti, vient de franchir un seuil déterminant avec la présentation officielle du projet de carte numérique d’embarquement et de débarquement « iKat ». À l’Hôtel El Rancho, ce jeudi 4 décembre 2025, la Direction de l’Immigration et de l’Émigration a dévoilé au public un outil appelé à transformer en profondeur les pratiques migratoires du pays, en remplaçant progressivement la carte physique utilisée depuis des décennies par une solution numérique pensée pour la précision, la fluidité et la transparence. Cette avancée, portée sous le leadership affiché du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, traduit une ambition claire : engager l’État haïtien dans une ère où la technologie devient une composante essentielle du service public.

La cérémonie, rehaussée par la présence de représentants du Conseil Présidentiel de Transition, de la Primature, du MICT, de la Ministre des Haïtiens Vivant à l’Étranger, du Ministre du Tourisme, de plusieurs cadres étatiques et d’un ensemble d’acteurs du secteur aérien, a souligné l’ampleur institutionnelle du projet. La collaboration stratégique entre la DIE et l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique, garant technologique du dispositif, a permis la conception d’une solution numérique dont la portée dépasse largement l’usage apparent d’un simple formulaire en ligne. La iKat introduit un acte de rupture avec les pratiques du passé, en permettant aux voyageurs de remplir leurs informations migratoires soixante-douze heures avant leur départ, abolissant ainsi la gestion papier longtemps source d’inefficacité, d’erreurs et de lenteur.

Le Directeur général de la DIE, Antoine Jean Simon Fénelon, a souligné la dimension symbolique et opérationnelle de cette innovation, tout en rendant hommage au Premier ministre pour avoir immédiatement reconnu l’importance stratégique du projet et l’avoir érigé en priorité nationale. La reconnaissance exprimée envers le Ministre Paul Antoine Bien-Aimé témoigne également d’une volonté institutionnelle affirmée de faire de la migration un espace mieux ordonné, où l’État retrouve à la fois le contrôle, la vision et la capacité d’anticipation.

L’introduction de la iKat ouvre une nouvelle page pour la gouvernance migratoire haïtienne. Au-delà de la simplification offerte aux voyageurs, qui bénéficieront désormais d’un dispositif plus rapide et moins contraignant, l’État dispose enfin d’un instrument capable de produire des données fiables, consolidées et immédiatement exploitables. Cette base numérique permettra d’identifier avec précision les profils en séjour prolongé, d’améliorer l’analyse des flux à l’arrivée comme au départ, et d’alimenter les institutions partenaires en informations essentielles, réduisant les zones d’opacité qui entravaient jusqu’ici l’efficacité de la politique migratoire. Le pays, trop longtemps pénalisé par l’absence d’outils modernes, voit émerger une technologie susceptible d’élever la qualité des services offerts aux passagers, mais aussi de renforcer la sécurité et la planification nationale.

Le lancement de la iKat intervient quelques mois après que TekTek eut attiré l’attention du public sur les annonces préalables du Directeur général Fénelon, lors d’un entretien où il dévoilait les orientations majeures de ce projet ambitieux. La mise en œuvre officielle confirme que les engagements pris n’étaient pas de simples intentions, mais les premières pierres d’une transformation plus vaste que l’administration haïtienne semble, cette fois, déterminée à assumer. Alors que tant d’initiatives publiques disparaissent souvent avec les changements de titulaires, le succès de la iKat dépendra désormais de la capacité de l’État à garantir une continuité, une discipline institutionnelle et une fidélité à la vision annoncée.

Cette innovation, qui aligne Haïti sur les standards déjà éprouvés dans de nombreux pays, ouvre une perspective nouvelle : celle d’une administration qui n’observe plus seulement le monde moderne, mais s’y insère avec maturité. Elle exprime l’espoir d’un service public où la cohérence prime sur l’improvisation, où la technologie cesse d’être un discours pour devenir un instrument opérationnel, où la migration n’est plus un fardeau administratif mais un espace de souveraineté renforcée. Le défi sera désormais de maintenir l’élan, d’améliorer les performances, d’assurer la sécurité des systèmes et d’étendre cette dynamique à d’autres secteurs qui souffrent encore d’une gestion archaïque.

La iKat marque peut-être l’une des premières réformes visibles d’une Haïti qui aspire à se réinventer. Elle rappelle surtout que l’innovation n’est pas un luxe, mais une nécessité pour toute nation qui souhaite affronter l’avenir avec lucidité et compétence.

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