Elon Musk applique sa stratégie de Twitter au gouvernement américain : vers un démantèlement incontrôlé ?

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Depuis son rachat chaotique de Twitter en 2022, Elon Musk a montré une approche radicale en matière de gestion d’entreprise : licenciements massifs, suppression de services essentiels, et réduction drastique des coûts, quitte à provoquer le dysfonctionnement du réseau social rebaptisé X. Aujourd’hui, cette même stratégie semble s’étendre au sein même du gouvernement fédéral des États-Unis, où Musk joue un rôle clé en tant que conseiller principal de Donald Trump et dirigeant du Department of Government Efficiency (DOGE).

Le milliardaire s’attaque désormais à la fonction publique avec une méthode qui rappelle étrangement celle appliquée à Twitter : un mémorandum imposant aux employés fédéraux de choisir entre un engagement total ou une démission avec indemnités. Cette démarche suscite de nombreuses interrogations : peut-on gérer un État comme une entreprise technologique ? Quels seront les impacts d’une telle réduction des effectifs gouvernementaux ?

En novembre 2022, peu après avoir pris le contrôle de Twitter, Elon Musk avait adressé un courriel à ses employés intitulé “A fork in the road”, leur offrant un choix brutal : accepter de travailler “hardcore” ou quitter l’entreprise. Aujourd’hui, un message au titre identique a été envoyé aux fonctionnaires fédéraux, leur imposant une alternative similaire :

1. S’engager à une performance exemplaire, en étant “fiable, loyal et digne de confiance”

2. Démissionner volontairement et accepter un package de départ

Cette politique marque une tentative de restructuration radicale du gouvernement sous l’impulsion de Musk, avec le soutien manifeste de Donald Trump. Pour ce dernier, connu pour son goût des licenciements spectaculaires dans The Apprentice, l’idée d’une purge administrative semble séduisante.

Cependant, la gestion d’un État ne peut être calquée sur celle d’une entreprise privée. Comme l’explique William Klepper, professeur à Columbia Business School :

“En entreprise, le but est d’offrir plus de valeur aux clients et de maximiser la rentabilité. En gouvernement, l’objectif est d’améliorer les services et les programmes pour les citoyens.”

L’application aveugle des méthodes de Musk au sein du gouvernement pourrait donc provoquer une désorganisation majeure et mettre en péril des services publics cruciaux.

L’expérience Musk à Twitter devrait pourtant servir d’avertissement. Dès son rachat, il avait procédé à des licenciements massifs, supprimant des milliers de postes sans toujours comprendre leur rôle. Résultat :

• Il a dû rappeler en urgence plusieurs employés après s’être rendu compte de leur importance

• La fermeture d’un data center essentiel a entraîné des bugs et pannes en série

• L’élimination des équipes de modération de contenu a transformé X en un lieu propice à la désinformation et aux discours de haine, poussant de nombreux annonceurs à fuir

• L’entreprise s’est retrouvée poursuivie en justice pour des loyers impayés et diverses dettes

Aujourd’hui, X a perdu près de 80% de sa valeur, selon Fidelity, preuve que la vision de Musk ne fonctionne pas toujours en pratique.

Appliquer ce modèle au gouvernement pourrait donc engendrer des conséquences catastrophiques, notamment :

• Une paralysie administrative due au manque de personnel

• Un affaiblissement des programmes essentiels en matière d’éducation, santé, infrastructures

• Une déstabilisation des institutions, fragilisant la démocratie américaine

D’ailleurs, d’anciens employés de Twitter, comme Lara Cohen, tirent déjà la sonnette d’alarme. Sur Threads, elle compare cette purge gouvernementale à la crise vécue au sein du réseau social, affirmant que cela “va nuire à des millions de personnes”.

Malgré le chaos engendré par sa gestion de X, Elon Musk n’a cessé de gagner en influence. Sa proximité avec Trump lui a ouvert les portes de la Maison-Blanche, et son rôle au sein du DOGE pourrait lui permettre d’orchestrer un démantèlement sans précédent de l’administration fédérale.

À travers X, Musk a également utilisé son empire médiatique pour influencer l’opinion publique et soutenir activement Trump, prouvant qu’il ne se contente pas de jouer un rôle technique mais bien politique.

Sa fortune personnelle a d’ailleurs explosé ces derniers mois, les investisseurs pariant sur le fait que son influence au sein du gouvernement favorisera ses entreprises (Tesla, SpaceX, Starlink, Neuralink).

Si Musk applique réellement la stratégie Twitter au gouvernement américain, les conséquences pourraient être bien plus graves que des bugs sur un réseau social. Il ne s’agit plus de supprimer un bouton “like” ou de changer un algorithme, mais de réduire drastiquement l’appareil d’État d’une des plus grandes puissances mondiales.

L’idée de Musk et Trump de “rationaliser” l’administration peut séduire une partie de l’électorat, notamment ceux qui dénoncent l’excès de bureaucratie. Toutefois, le danger d’un démantèlement brutal est réel, comme l’a prouvé le cas Twitter.

Le gouvernement fédéral ne peut pas être géré comme une start-up en crise. Il repose sur des services complexes et interconnectés qui assurent le bon fonctionnement du pays. Une réduction aveugle des effectifs pourrait entraîner une paralysie de l’État, avec des conséquences dramatiques pour les citoyens.

Musk a peut-être réussi à faire fortune en jouant les “disrupteurs”, mais peut-on vraiment prendre le risque de voir l’administration américaine s’effondrer sous sa gouvernance radicale ?

La question reste ouverte, mais une chose est sûre : après avoir plongé Twitter dans le chaos, Elon Musk est désormais prêt à tester sa méthode à l’échelle d’un pays entier.

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