Meta introduit les “ghost posts” sur Threads : l’éphémère comme nouvelle norme sociale

Le géant des réseaux sociaux Meta poursuit son offensive pour dynamiser Threads, son alternative à X, en dévoilant une fonctionnalité inédite : les ghost posts, des publications qui disparaissent automatiquement après vingt-quatre heures. L’annonce a été faite ce lundi 27 octobre 2025 et s’inscrit dans une volonté clairement affichée de libérer la parole en ligne, en réduisant le poids de la permanence numérique.

La mécanique est simple : lors de la création d’un message, l’utilisateur active une icône en forme de fantôme. Le post ainsi publié apparaît dans le flux sous la forme d’une bulle grisâtre aux contours pointillés, signe de son caractère fugitif. Après une journée, il s’archive automatiquement, disparaissant de la vue publique. Ce détail visuel le distingue des publications classiques et signale d’emblée son destin éphémère.

Meta présente cette innovation comme un moyen de s’exprimer « sans pression de perfection ni de permanence », une approche qui rappelle des usages déjà populaires sur Instagram ou Facebook, où les stories ont transformé la manière de partager des moments de vie en réduisant la charge émotionnelle du regard des autres.

Autre particularité : les réactions aux ghost posts demeurent privées. Les réponses atterrissent directement dans la messagerie de l’auteur de la publication ; les autres utilisateurs ne peuvent ni voir qui interagit, ni mesurer la portée publique du message. Cette discrétion assumée marque une rupture nette avec la logique d’exposition permanente encouragée par de nombreuses plateformes depuis plus d’une décennie.

Threads, lancé en 2023 pour reprendre l’espace conversationnel déserté par une partie des utilisateurs de X, compte déjà 400 millions d’utilisateurs actifs mensuels, selon Meta. La fonctionnalité des ghost posts vise manifestement à amplifier ce succès en stimulant une expression plus régulière et plus instinctive : écrire ce qu’on pense, tant que c’est pertinent « maintenant ».

Ce basculement vers l’éphémère s’inscrit dans une tendance sociotechnique profonde : la volonté d’échapper au poids de l’archive et à la surveillance sociale permanente. Une génération hyperconnectée mais soucieuse de préserver sa spontanéité pourrait trouver là un terrain d’expression moins anxiogène. Ce nouveau format pourrait ainsi séduire particulièrement les plus jeunes utilisateurs, pour qui le risque d’être “jugé pour toujours” constitue un frein énorme à la prise de parole.

Pour la presse, les institutions, ou les créateurs à vocation documentaire, l’intérêt demeure plus nuancé : ce qui disparaît ne se partage plus, ne se référence plus, ne se capitalise plus. L’innovation pose donc une question essentielle : peut-on bâtir une visibilité durable avec un contenu qui s’efface ?

Le futur du web social se jouera peut-être entre deux rythmes : celui du permanent, qui structure la mémoire collective, et celui de l’instant, qui capture l’impulsion humaine. Meta, en proposant les ghost posts sur Threads, revendique clairement le second – et invite ses utilisateurs à le redécouvrir.

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