Un ballet inquiétant : un à deux satellites Starlink se consument chaque jour

Chaque jour, le ciel absorbe un nouveau visiteur venu de l’espace : un à deux satellites de la méga-constellation Starlink. Conçus pour fonctionner environ cinq ans, ces engins atteignent désormais la fin de leur cycle de vie. Selon Jonathan McDowell, astrophysicien à l’université Harvard, ils se consument dans l’atmosphère terrestre à un rythme inédit, soulevant des inquiétudes scientifiques majeures.
Starlink compte déjà plus de 8 000 satellites en orbite basse, offrant une couverture Internet mondiale, notamment dans les zones les plus reculées. L’entreprise d’Elon Musk vise 12 000 satellites dans un futur proche, avec la possibilité d’en déployer plus de 30 000. Si l’on ajoute les projets concurrents – Kuiper d’Amazon, OneWeb, Thousand Sails, sans oublier les ambitions chinoises – l’espace proche de la Terre pourrait bientôt héberger près de 30 000 engins. À ce stade, ce seraient environ cinq satellites qui retomberaient dans l’atmosphère chaque jour.
Pour limiter les risques liés au syndrome de Kessler – ce scénario de 1978 où une collision en orbite déclenche une cascade incontrôlable de débris – les satellites Starlink utilisent leur carburant restant pour descendre progressivement avant de se désintégrer. Mais cette procédure, bien que rassurante, n’élimine pas totalement les menaces liées à une déstabilisation imprévue, comme une puissante tempête solaire.
Au-delà du risque de collisions, un autre danger apparaît : la pollution. Des chercheurs de la NOAA ont découvert, il y a deux ans, des traces d’aluminium et de métaux rares dans 10 % des particules d’acide sulfurique présentes dans la stratosphère. Leur origine : les fusées et satellites qui se consument lors de leur rentrée. Avec la multiplication des lancements, ce taux pourrait grimper jusqu’à 50 %.
Les conséquences restent floues : modification de la réflexion solaire, réactions chimiques pouvant endommager la couche d’ozone, ou d’autres effets encore inconnus. Les avis scientifiques divergent, allant de « trop insignifiant pour poser problème » à « nous sommes déjà condamnés ». Mais tous s’accordent sur un point : l’incertitude est préoccupante.
Alors que les constellations continuent de se déployer à un rythme effréné, la recherche peine à suivre. Des études sont en cours pour évaluer l’impact réel de cette pluie quotidienne de satellites consumés. Toutefois, certains experts redoutent que les réponses arrivent trop tard, face à une transformation irréversible de la haute atmosphère.
L’aventure Starlink illustre un paradoxe moderne : répondre à une soif mondiale de connectivité, tout en risquant d’altérer l’équilibre fragile de notre planète. Reste à savoir si la science et la régulation sauront anticiper les effets collatéraux d’une révolution technologique déjà hors de contrôle.
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Source : EarthSky










