Data centers dans l’espace : la Chine prend de l’avance, l’Europe affine sa stratégie

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Et si les futurs centres de données quittaient la Terre pour l’orbite ? C’est l’ambition affichée par la Chine et l’Europe, chacune misant sur une constellation de satellites capables de trier, traiter et stocker des données directement dans l’espace. Une révolution technologique en gestation, aux promesses vertigineuses.

Le 14 mai 2025, la Chine a lancé les premiers satellites d’un projet futuriste baptisé ADA Space. L’idée : construire un gigantesque data center spatial composé à terme de 2 800 micro-satellites. Ces derniers, déjà dotés de capacités de traitement embarquées et d’une liaison à 100 Gbps, seraient également renforcés par de l’intelligence artificielle. L’objectif est clair : se libérer de la dépendance aux infrastructures terrestres, notamment en matière de traitement massif de données.

Mais en Europe, on n’observe pas ce mouvement les bras croisés. Entre 2023 et 2024, la Commission européenne a mené une étude de faisabilité nommée Ascend, réunissant des entreprises de renom telles que Thalès Alenia Space, ArianeGroup, CloudFerro ou encore Carbone 4, le cabinet de Jean-Marc Jancovici. Ensemble, ils ont imaginé une infrastructure spatiale modulaire, deux fois plus grande que l’ISS, mais dix fois plus légère, capable de développer jusqu’à 200 pétaflops de puissance de calcul par structure.

L’un des enjeux cruciaux de ces projets est énergétique. Les data centers terrestres, véritables ogres électriques, posent des défis majeurs en matière de consommation et de refroidissement. En orbite, les panneaux solaires pourraient capter en continu une énergie propre, et la température naturellement basse de l’espace offrirait un refroidissement passif efficace. Fini les systèmes de ventilation bruyants et coûteux. De plus, la transmission par faisceaux lasers remplacerait les câbles sous-marins, souvent sujets aux pannes, rendant la communication plus stable, plus rapide, et moins dépendante des infrastructures au sol.

Toutefois, la Chine et l’Europe ne jouent pas dans la même cour en matière de performances. ADA Space ne compte que sur 2 800 satellites, une capacité jugée insuffisante pour remplacer les data centers terrestres. À en croire Damien Dumestier, responsable du projet Ascend chez Thalès, il faudrait 3 millions de satellites ADA pour atteindre 1 gigawatt de puissance. À titre de comparaison, 1 300 structures Ascend suffiraient pour obtenir ce même résultat, chaque structure équivalant à 2 000 satellites chinois.

À ce jour, l’Europe poursuit l’étude de faisabilité avec le CNES et l’ESA, notamment sur l’assemblage robotisé de ces infrastructures en orbite. Si le chemin reste long, les promesses sont immenses. Plus que des prouesses techniques, ces projets incarnent une vision stratégique : celle d’un calcul distribué, décarboné, souverain et spatialisé.

L’heure est donc à la conquête d’un nouvel horizon numérique : l’espace. Et dans cette course silencieuse, l’Europe et la Chine affûtent leurs armes, rêvant d’un cloud suspendu dans le vide, autonome, puissant et durable. Ce n’est plus de la science-fiction : c’est l’avant-garde du calcul de demain.

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