Jul accusé d’avoir utilisé l’IA pour son dernier morceau : vers une ère de soupçons dans la création musicale ?

Le 1er août 2025, Jul a dévoilé Toi et moi, un titre inédit qui, à peine diffusé, a semé le trouble sur les réseaux sociaux. Un trouble non pas artistique, mais technologique : une partie du public affirme que cette chanson ne serait pas l’œuvre directe du rappeur marseillais, mais le fruit d’une intelligence artificielle, en l’occurrence l’outil SUNO. L’affaire, apparemment anodine, soulève une problématique majeure pour l’avenir de la musique.
Les premières critiques ont fusé dès la publication d’extraits sur la plateforme X (ex-Twitter). Certains internautes ont noté une étrangeté dans la voix, une facture sonore inhabituelle, voire une absence d’âme, allant jusqu’à interpeller les autorités de régulation comme l’Arcom ou la DGCCRF pour demander un encadrement juridique. L’argument principal : si Jul a effectivement utilisé une IA pour composer et chanter, ne pas l’indiquer clairement relèverait de la tromperie commerciale.
Jusqu’ici, aucun élément objectif ne confirmait l’utilisation d’outils génératifs. Le morceau est crédité à Jul lui-même, tant pour l’interprétation que pour la composition, en partenariat avec Kakouprod. Rien ne laissait présager une intervention automatisée. Pourtant, un acteur du secteur a jeté de l’huile sur le feu.
Lnkhey, ingénieur du son reconnu et beatmaker, est intervenu frontalement dans le débat. Dans une vidéo de trois minutes devenue virale, il affirme que Toi et moi a été entièrement générée par l’intelligence artificielle SUNO. Pour appuyer ses dires, il détaille une série d’anomalies techniques : absence de silences véritables, sons passant de mono à stéréo sans logique musicale, voix de chœurs mécaniques et mal articulées… Autant d’indices qui, selon lui, trahiraient une fabrication algorithmique.
La démonstration est d’autant plus frappante que Lnkhey a une expertise avérée dans ce domaine. En 2023 déjà, il avait suscité le débat en générant un faux morceau de la chanteuse Angèle à l’aide d’un clone vocal IA, au point de tromper même l’artiste. Il connaît donc les signaux faibles de ces créations synthétiques et ne parle pas en amateur.
Mais alors, pourquoi Jul se lancerait-il dans cette aventure sans avertir ? Certains observateurs évoquent une simple stratégie de communication. Quelques jours avant la sortie du morceau, Jul avait publié plusieurs vocaux sur Instagram où sa voix semblait déjà altérée, comme pour semer le doute. Sur une image promotionnelle, on distingue le mot-clé #IASPORTS, renvoyant indirectement à l’intelligence artificielle. Faut-il y voir une manière d’embrasser la polémique pour alimenter le buzz ? Si tel est le cas, c’est un pari audacieux, mais périlleux pour l’image d’un artiste populaire.
Ce qui est certain, c’est que l’émergence d’outils comme SUNO, RVC, ou Udio brouille désormais les repères. Le débat autour de Toi et moi dépasse Jul : il illustre un basculement de l’industrie musicale, où le doute devient structurel. Les plateformes de streaming devront-elles bientôt signaler les œuvres créées par IA ? Les auditeurs sauront-ils encore distinguer l’artiste de la machine ? Et les lois, actuellement muettes sur ces sujets, évolueront-elles pour encadrer cette nouvelle ère hybride ?
Ce qui semblait hier encore relever de la science-fiction s’invite désormais dans nos playlists. Et Toi et moi, qu’il soit authentique ou artificiel, marque peut-être le début d’une ère où le vrai et le faux ne s’opposent plus, mais fusionnent dans un chaos créatif.
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