La ruée vers l’intelligence artificielle continue de griser la Silicon Valley, mais l’ivresse des milliards commence à peser sur la patience de Wall Street. Les géants technologiques – Meta, Microsoft, Amazon, Apple et Alphabet – dépensent sans compter pour alimenter leurs ambitions en IA, mais les investisseurs veulent désormais voir des résultats tangibles.

Microsoft, Google, Amazon et Meta ont tous dépassé les attentes de revenus ce trimestre, principalement grâce à la croissance explosive du cloud, devenu le moteur de l’économie numérique. Microsoft affiche une hausse de 40 % dans ce secteur, Google 34 %, et Amazon 20 % via AWS. Pourtant, ces succès ne suffisent plus à calmer les marchés : les dépenses d’infrastructure s’envolent à des niveaux vertigineux. Google prévoit d’investir entre 91 et 93 milliards $ en 2025, Microsoft 34,9 milliards $, Meta près de 19,4 milliards $, et Amazon pourrait atteindre 125 milliards $. Même Apple, habituellement prudent, promet d’augmenter ses dépenses pour renforcer ses capacités d’IA.

Les dirigeants justifient ces investissements par une demande en pleine explosion. Andy Jassy, PDG d’Amazon, affirme que la capacité ajoutée est immédiatement monétisée, tandis que Mark Zuckerberg promet des produits inédits issus du laboratoire de « Superintelligence » de Meta. Pourtant, derrière ces discours d’optimisme, les investisseurs s’interrogent : quand viendra le retour sur investissement ?

Les réactions boursières ont été sévères : Meta a perdu jusqu’à 13,5 % après son rapport trimestriel. Les analystes réclament des preuves concrètes de rentabilité, notamment sur la manière dont l’IA influencera les revenus publicitaires ou la recherche. Chez Google, les dirigeants assurent que les résumés générés par IA ne réduisent pas les profits liés aux annonces. Microsoft, de son côté, affirme que la demande justifie pleinement ses dépenses, annonçant même une nouvelle phase de « monétisation » de ses outils d’IA.

Mais la confiance reste fragile. Comme le résume l’analyste Evan Schlossman, « il y a une pression pour innover plus vite ». L’IA est devenue une terre vierge que tous veulent conquérir, quitte à s’y épuiser financièrement. Si les utilisateurs se détournent demain de Google Search ou des applications de Meta, cette ruée vers l’or numérique pourrait bien se transformer en mirage coûteux.

En somme, l’ère de l’IA ne se mesure plus seulement à la puissance des serveurs, mais à la capacité des géants du numérique à transformer la promesse technologique en valeur réelle. La machine tourne à plein régime ; reste à prouver qu’elle ne tourne pas à vide.

Source : CNN Business – Lisa Eadicicco

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