Le Sénat américain enterre le moratoire sur la régulation de l’intelligence artificielle : un revers cinglant pour l’agenda technologique de Trump

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Dans un climat politique tendu et à la veille d’un vote crucial, le Sénat des États-Unis a infligé un désaveu retentissant à une disposition controversée du projet de loi républicain sur la politique intérieure. Par 99 voix contre 1, les sénateurs ont choisi de supprimer l’amendement qui aurait imposé un moratoire de dix ans sur l’application des réglementations étatiques encadrant l’intelligence artificielle. Cette clause, discrètement insérée dans l’agenda législatif promu par les républicains et destiné à être présenté au président Donald Trump avant le 4 juillet, visait à neutraliser les législations locales, notamment celles luttant contre les deepfakes à caractère sexuel ou politique.

L’initiative, initialement portée par des membres républicains de la Commission du commerce du Sénat, liait même l’accès aux fonds fédéraux pour l’infrastructure Internet au respect du moratoire. Une manœuvre jugée périlleuse par de nombreux universitaires, régulateurs, militants et experts en technologie, qui y voyaient une tentative manifeste de faire taire les États dans leur mission de protéger leurs citoyens contre les dérives d’une technologie encore largement non encadrée au niveau fédéral.

Le rejet quasi unanime de cette mesure constitue une victoire éclatante pour les défenseurs d’une régulation éthique et décentralisée de l’intelligence artificielle. Le sénateur Ed Markey, co-auteur de l’amendement victorieux aux côtés de ses collègues Maria Cantwell et Marsha Blackburn, s’est réjoui de cette décision, déclarant : « Ce vote envoie un message sans équivoque : le Congrès ne sacrifiera ni nos enfants ni nos communautés locales sur l’autel des profits des milliardaires de la tech. »

Ce tournant survient alors que les États-Unis continuent de débattre de la manière dont l’IA devrait être encadrée, dans un contexte où aucune législation fédérale exhaustive ne balise encore son développement. Le rejet du moratoire permet aux législatures des États de continuer à jouer un rôle de sentinelle, en adoptant ou en appliquant des lois protégeant la vie privée, la démocratie et l’intégrité des contenus numériques.

La pression populaire, accentuée par des élus tels que Marjorie Taylor Greene qui avaient menacé de voter contre le texte si le moratoire était maintenu, aura donc porté ses fruits. Pour Ilana Beller, responsable de l’organisation Public Citizen, « la défaite de ce moratoire garantit le maintien de protections vitales pour des millions d’Américains. »

Alors que l’intelligence artificielle envahit notre quotidien, la bataille pour des garde-fous transparents et équitables ne fait que commencer. Cette victoire au Sénat marque peut-être le début d’une prise de conscience législative face aux puissances technologiques.

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